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RÉSIGNATION.

« Tant que j’ai été jeune et un peu jolie, j’ai espéré, au hasard, je ne sais quel changement dans ma destinée. Maintenant j’ai vingt-neuf ans ; la tristesse a, plus encore que les années, flétri mon visage — tout est dit !… je n’attends plus, n’espère plus ; j’achèverai ici mes jours isolés.

« Ne croyez pas que j’aie tout de suite accepté cette amère destinée avec résignation. Non ! Il y avait des jours où mon cœur se révoltait de vieillir sans aimer. — N’être pas aimé, cela encore est possible, mais ne pas aimer, cela tue ! — Vous l’avouerai-je ? j’ai murmuré contre la Providence ; j’ai eu contre elle de coupables pensées de révolte et de reproches.

« Mais ce tumulte intérieur a passé aussi comme mes espérances. Je songe aux douces paroles de Marthe : « Au revoir, ma sœur ! » et il ne reste plus en moi qu’une passive résignation, qu’une humble abnégation de moi-même. Je prie souvent, je ne pleure plus que rarement ! — Et vous, vous êtes heureuse ! »

Je ne répondis pas à la question d’Ursule ; parler