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RÉSIGNATION.

aussi avoir quitté la maison. Le soir, nous travaillions ensemble près de la lampe : nous ne pouvions causer, car nos parents sommeillaient à côté de nous ; mais, du moins, en levant les yeux, chacune de nous rencontrait sur le visage de l’autre un doux sourire. Nous montions ensuite nous coucher dans la même chambre, ne nous endormant qu’après qu’une voix amie eût souvent répété : « Bonsoir ! dors bien, ma sœur ! »

« Dieu aurait dû nous laisser ensemble, n’est-ce pas ?… Je ne murmure pas, cependant ; Marthe est heureuse là-haut !

« Je ne sais si c’est le manque d’air, d’exercice, ou bien encore le manque de bonheur, qui donna à Marthe les premiers germes de sa maladie, mais je la vis s’affaiblir, languir, souffrir. Hélas ! moi seule m’inquiétais pour elle : ma mère ne la voyait pas et Marthe ne se plaignait jamais ; mon père commençait à entrer dans l’insensibilité que vous lui voyez aujourd’hui. Ce ne fut que bien tard que je pus décider ma sœur à appeler un médecin.