Hélas ! le sort d’Ursule était encore plus triste que je ne l’avais supposé, lorsqu’à voir sa pâleur et son abattement je la croyais souffrante d’un malheur ; il n’y avait rien en dans sa vie !… rien.
Elle avait vu le temps emporter jour à jour sa jeunesse, sa beauté, ses espérances, sa vie ; et rien, toujours rien, le silence et l’oubli !
Je revins souvent voir Ursule, et voici à peu près comment, un jour, assise avec moi auprès de la fenêtre, elle me raconta sa vie.
« Je suis née dans cette maison, je ne l’ai jamais quittée ; mais ma famille n’est pas de ce pays, nous y sommes étrangers, sans liens, sans amis. Mes parents étaient déjà âgés quand ils se sont mariés ; je ne les ai jamais connus jeunes. Ma mère devint aveugle : ce malheur attrista son caractère ; aussi la maison paternelle fut-elle toujours bien austère, je n’y ai jamais chanté ! Personne n’y a été heureux ; mon enfance fut silencieuse ; on ne m’a jamais permis le plus léger bruit.