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RÉSIGNATION.

brodait sur de belles et riches mousselines, et je ne lui voyais jamais que la plus humble simplicité dans sa toilette. Enfin elle n’était pas seule dans la maison, car un jour une voix un peu impérieuse appela « Ursule ! » et elle se leva précipitamment. Cette voix n’était pas celle d’un maître, Ursule n’avait pas obéi comme une servante obéit. Il y avait eu je ne sais quelle bonne volonté de cœur dans la précipitation avec laquelle elle s’était levée, et cependant la voix n’avait eu nulle expression affectueuse. Je pensai qu’Ursule, peut-être, n’était pas aimée de ceux avec lesquels elle vivait, qu’elle en était même rudoyée, tandis que sa triste et douce nature s’était attachée à eux, sans rien recevoir en échange.

Le temps s’écoulait, et chaque jour je m’initiais davantage à l’existence de la pauvre Ursule. Cependant, pour deviner ses secrets, je n’avais d’autre moyen que de passer une fois par jour devant sa fenêtre ouverte.

J’ai déjà dit qu’elle souriait en me regardant ; bientôt, pendant ma promenade, je me mis à cueillir des fleurs, puis un matin, timidement, avec un