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RÉSIGNATION.

mais c’était ce calme qui succède à la mort. Je m’imaginai qu’elle n’avait dû éprouver nulle secousse, qu’elle ne s’était pas brisée, mais qu’elle s’était inclinée, courbée, que son âme avait langui, puis s’était doucement endormie.

Oui, le regard, la physionomie, l’attitude de cette femme disaient tout cela. Il y a des personnes qui vous parlent rien qu’en vous regardant, et dont on se souvient pour avoir passé une seconde auprès d’elles.

Chaque jour je la retrouvai à la même place. Elle me saluait ; puis, avec le temps, elle ajouta un triste et doux sourire à son salut. — Voici ce que je pus entrevoir de l’existence de cette femme que je voyais constamment assise près de sa fenêtre.

Le dimanche elle ne travaillait pas. Je crus qu’elle sortait ce jour-là, car le lundi il y avait le petit bouquet de violettes sur la fenêtre ; mais il se fanait les jours suivants, et n’était remplacé qu’après la fin de la semaine. Je pensai encore qu’elle était presque pauvre et qu’elle travaillait en secret pour vivre ; car elle