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RÉSIGNATION.

cette femme ; elle n’était plus très-jeune, elle n’était pas jolie, ou n’était plus jolie. Elle était pâle — malade ou triste, je ne pouvais le définir. Ce qu’il y avait de sûr, c’est que ses traits étaient doux, que leur absence de fraîcheur pouvait venir d’un chagrin aussi bien que du nombre des années, et que leur pâleur, si elle n’eût attristé le cœur, eût paru avoir quelques charmes, à côté du noir mat des cheveux. Elle était inclinée sur son ouvrage ; elle était mince — ou amaigrie ; ses mains étaient blanches, mais un peu osseuses, allongées. Elle portait une robe brune, un tablier noir, un petit col blanc, tout uni ; et le bouquet qui avait fleuri deux jours sur la fenêtre, presque caché dans un pli de son corsage, était là pour que rien ne fût perdu de ses derniers parfums.

Elle leva les yeux et me salua ; je la vis mieux. Elle était jeune encore, mais elle était si près du moment où l’on cesse de l’être, que ce dernier adieu de la jeunesse me sembla triste à regarder. Évidemment elle avait souffert, mais probablement sans lutte, sans murmure, presque sans larmes. Il y avait sur sa physionomie, silence, résignation et calme ;