Page:Arbouville - Poésies et Nouvelles, III, 1855.djvu/393

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
383
RÉSIGNATION.

souvenir, d’espérer. Dans la jouissance qu’apporte le parfum d’une fleur, il y a une certaine délicatesse d’âme ; c’est un peu d’idéal, un peu de poésie qui se glisse au milieu des réalités de la vie. Quand, dans une existence pauvre et laborieuse, je vois aimer les fleurs, j’entrevois qu’il y a lutte entre les nécessités de la vie et les instincts de l’âme. Il me semble que je pourrais presque toujours m’entendre avec quiconque cultive une pauvre fleur près du mur de sa cabane. — Ce jour-là ce bouquet de violettes m’attrista ; il semblait dire : Il y a là quelqu’un qui vit en regrettant l’air, le soleil, le bonheur ; quelqu’un qui sent tout ce qui lui manque ; quelqu’un de si pauvre en fait de jouissances, que même un pauvre petit bouquet de violettes est une joie dans sa vie.

Je regardai ces fleurs avec mélancolie ; je me demandai si l’obscurité et le froid de la petite rue n’allaient pas les faire bien vite se faner, si le vent ne pouvait pas les atteindre. Je leur portais intérêt ; j’aurais voulu les conserver longtemps à la personne qui les aimait.

Le lendemain je revins. Les fleurs avaient souffert