avaient mille petits carreaux d’un verre épais et verdâtre : le jour ne devait pas pouvoir franchir cet obstacle pour éclairer l’intérieur de cette demeure. La rue était trop étroite, d’ailleurs, pour que jamais le soleil y parût. Il régnait là une ombre perpétuelle et il y faisait toujours froid, quelle que fût, du reste, la chaleur du jour.
L’hiver, quand la neige était gelée sur les marches de la petite rue, on ne pouvait faire un pas sans risquer de tomber : aussi était-ce un chemin désert que moi seule, peut-être, je traversais une fois par jour. Je ne me rappelle pas d’y avoir rencontré un passant, ou d’y avoir vu un oiseau se poser un instant sur les crevasses des murs. « J’espère, » me disais-je, « que cette triste maison n’est habitée que par des personnes arrivées presque au terme de leur vie, et dont le corps vieilli ne peut plus ni s’attrister ni regretter. Ce serait affreux d’être jeune là ! »
La petite maison restait silencieuse : aucun bruit ne s’en échappait, aucun mouvement ne s’y faisait remarquer. Elle était calme comme un tombeau, et chaque jour je me disais ; « (Qui peut donc vivre ainsi ? »