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Son sceptre gracieux est plus beau
Que les collines qui dominent la plaine de Roeriu[1].

C’est la maîtresse poutre qui abrite le peuple chrétien ;
Elle brille par sa beauté sous l’heureux toit qu’elle supporte ;
C est un objet de choix : il est supérieur à toutes les générations
Qui habitèrent les campagnes séduisantes de Moistiu.

Le fils de Diarmait m’est cher.
Que me demande-t-on ? La réponse est facile :
Sa louange sera le plus beau des trésors
Que je chanterai dans mes vers.

Son nom est aimé : je ne dis rien de nouveau,
Car Aed ne mérite pas de reproche.
Il est sans tache : ce n’est pas un secret que la gloire
Du prince à qui appartient la belle rivière de Liffey.

Illustre petit-fils de Murédach !
Sa haute dignité l’élève comme une roche choisie.
Jamais on n’a trouvé semblable descendant
Aux rois qui gouvernèrent les peuples de Cûalann.

Son pouvoir lui est venu par héritage ;
C’est d’héritage qu’il tient ses vertus et sa dignité ;
Il est un rejeton de la famille sans reproche
Des rois majestueux de Margé.

C’est une souche grande d’honneur et de noblesse,
Dans les combats c’est le fondement de la primauté ;
L’illustre et puissant prince est un rameau d’argent,
Issu de la race de cent rois et de cent reines.

Près de la cervoise on chante des vers,
On chante les batailles, les pièges que s’y tendent les hommes :
Et de mélodieux poèmes bardiques font retentir,
Au milieu des flots de bière, un nom, celui d’Aed.

  1. Littéralement :
    « Aed grand pour feu d’éclat,
    Aed long pour addition poétique,
    Bâton gracieux plus joli
    Que collines de Roeriu uni. »