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qu’Ammien-Marcellin a composée. Chez Timagène, tel qu’il nous est ainsi parvenu, nous retrouvons les bardes et les druides de Diodore et de Strabon ; mais les devins de Diodore, les οὐάτεις, vates, de Strabon, y deviennent des euhages qui prétendent découvrir les secrets les plus sublimes de la nature[1].

Dans ces trois auteurs la ligne de démarcation qui séparait les druides des devins, οὐάτεις, vates ou euhages, n’apparaît pas dès l’abord très clairement. Ainsi, suivant Strabon, les οὐάτεις, vates, ont pour spécialité les sacrifices ; suivant Diodore, on ne peut pas faire de sacrifice sans un druide[2]. Strabon nous apprend que la science de la nature était l’objet des études des druides en même temps que des οὐάτεις[3]. Les devins gaulois de Diodore de Sicile, qui sont les οὐάτεις de Strabon et les euhages de Timagène, prédisent l’avenir : nous savons, par Cicéron et Tacite, que les druides avaient la même prétention[4]. Entre les at-

  1. Euhages vero scrutantes seriem et sublimia naturæ pandere conabantur. » Ammien-Marcellin, l. XV, ch. 9, édition Teubner-Gardthausen, t. 1, p. 69 ; cf. Didot-Müller, Fragmenta historicorum græcorum, t. III, p. 323.
  2. « Φιλόσοφοί τέ τινές εἰσι καὶ θεολόγοι περιττῶς τιμώμενοι, οὓς δρουίδας ὀνομάζουσι… Ἔθος δʼαὐτοῖς ἐστι μηδένα θυςίαν ποιεῖν ἄνευ φιλοσόφου. » Diodore, l. V, c. 31, éd. Didot-Müller, t. I, p. 272–273.
  3. « Οὐάτεις δὲ ἱεροποιοὶ καὶ φυσιολόγοι. Δρυΐδαι δὲ πρὸς τῇ φυσιολογίᾳ καὶ τὴν ἠθικὴν φιλοσοφίαν ἀσκοῦσι. » Strabon, l. IV, c. 4, § 4, édition Didot-Müller et Dübner, p. 164.
  4. « Χρῶνται δὲ καὶ μάντεσιν… οὗτοι δὲ… τὰ μέλλοντα προλέγουσι. » Diodore, l. V, c. 31, éd. Didot-Müller, t. I, p. 272. « Druidæ… e quibus… Divitiacum… qui… partim auguriis partim conjectura quæ essent futura dicebat. » Cicéron, De divinatione, l. II, c. 41. — Cf. Tacite, Histoires, l. IV, c. 54.