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LEÇON D’OUVERTURE.

de Peutinger, la Notice des dignités de l’Empire.

Mais ce terme de dunum n’existait pas seulement dans les contrées celtiques soumises à la domination romaine et dans celles qu’à la même époque les Germains tenaient sous le joug au nord du Danube et à l’est du Rhin. Le géographe Ptolémée nous parle d’une ville d’Irlande qui s’appelait Dunum[1] ; et la langue irlandaise a conservé ce mot comme nom commun sous la forme dûn, avec le sens de château, forteresse, habitation royale[2].

C’est ainsi que les langues et la littérature néoceltiques nous donnent la solution d’une partie des difficultés que nous offrent les débris de la civilisation celtique transmis jusqu’à nous par les monuments de l’antiquité grecque et romaine. Ce n’est pas d’aujourd’hui seulement qu’on a commencé à comprendre de quel secours peuvent être les langues et la littérature néo-celtiques pour les chercheurs qui font de la civilisation celtique ancienne l’objet de leurs études. Sans sortir de notre siècle ni de la France, je citerai le savant auteur de l’Histoire des Gaulois, M. Amédée Thierry, dans le livre duquel plusieurs générations de Français ont puisé presque tout ce qu’elles savent de nos origines nationales. Je citerai M. Henri Martin[3] qui, dans ses éloquents

  1. Ptolémée, édit. Nobbe, liv. II, chap. II, § 10 ; édit. Wilberg., p. 103.
  2. En gallois din.
  3. C’est un devoir et un plaisir pour nous de rappeler ici les