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tresse de la plus grande partie de la péninsule ibérique, des îles Britanniques, et d’un vaste territoire qui forme aujourd’hui la France du nord et du centre[1], la Belgique, la Hollande, les provinces occidentales et les États méridionaux de l’empire allemand, l’empire d’Autriche presque tout entier. En 281, Lysimaque, roi de Thrace, périt à la bataille de Corus, son royaume, mal défendu, tombe entre les mains des Celtes, qui, jusque-là, avaient respecté l’empire d’Alexandre, et qui bientôt poussent leurs incursions jusqu’à Delphes et vont s’établir même en Asie Mineure. Dès lors, en Europe, l’empire celtique s’étend de l’océan Atlantique à la mer Noire, comme de la mer du Nord à la mer Adriatique, et des îles Britanniques aux environs du détroit de Gibraltar. Dans cette immense étendue de pays, on parlait certainement bien des langues : l’étrusque et l’ombrien dans l’Italie du nord, l’illyrien sur le Danube, l’ibère en Espagne, et d’autres langues encore, parmi lesquelles probablement plusieurs dont nous ne savons pas même les noms ; mais c’étaient des langues de races inférieures et asservies. Sur les bords du Danube, dans tout son parcours, sauf la partie orientale de la rive gauche, sur les bords du Rhin, du haut Elbe, de la Tamise, de la Seine, du Tage et de l’Ebre, la langue des maîtres, la langue du commandement était une langue celtique, c’était le gaulois.

  1. Il n’est pas certain qu’à cette date la race celtique fût établie déjà sur les côtes de la Méditerranée ; cf. p. 5, note 1, p. 10, note 2.