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XXI

EN MER.

Ponentais. — Levantins.

J’aurai des partisans et des contradicteurs ; c’est le lot de quiconque émet hautement son opinion. Vais-je allumer des querelles ? je ne le crois pas. Vais-je faire naître des discussions ? cela est certain. Quand l’amour-propre est en jeu, il devient fort difficile que l’irritation ne fermente pas dans une forte poitrine, et l’on sait si le matelot est de nature inflammable quoique vivant au milieu des eaux ! Il y a vingt questions à résoudre à côté de celle que je vais poser. Que vaut-il mieux : entreprendre un long voyage avec un équipage homogène ou avec des matelots de caractères opposés ? Vous qui êtes plus habiles et plus expérimentés que moi, prononcez, faites un livre là-dessus ; ce sera, je vous le jure, un livre fort utile à consulter, un livre qui aura cours dans toutes les parties du monde ; car le matelot n’est, à proprement parler, d’aucun pays, ou plutôt il est de tous.

Eh bien ! je me trompe dès mon début. Le matelot, le vrai matelot n’est pas seulement d’un royaume, d’une province, d’une ville, il est d’un bourg, il appartient à telle famille, il est fils de tel père. La généalogie du matelot comme je le comprends est pour son bien-être présent un brevet honorable ou un titre de réprobation ; son parchemin à