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XIV

ÎLES SANDWICH

Wahoo. — Morini. — Le bandit de la troupe de Pujol. — Supplices. — Encore Tamahamah.

Si c’est une belle chose pour tout observateur studieux qu’une navigation dont les relâches sont fréquentes, en revanche les courtes traversées, comme celles que nous faisons depuis quelque temps, fatiguent les matelots et lasseraient presque leur constance. Mais heureusement que les îles Sandwich offrent aussi à l’équipage des plaisirs faciles, des amusements variés, des atterrissages peu dangereux, et qu’au total les courses, dans ces latitudes peu élevées, sont beaucoup moins écrasantes que celles qu’on est souvent forcé de faire sous des zones glacées et turbulentes.

Ici, en effet, partout ou presque partout, des ombrages délicieux, luttant avec bonheur contre les atteintes d’un soleil ardent ; et le soir et le matin, une brise de mer venant rendre aux muscles endoloris leur sève et leur énergie naturelles.

Voici Wahoo qui se dresse d’une part, tandis que, de l’autre, à peine Mowhée vient de se plonger dans les flots. Lahéna ressuscitera-t-elle chez sa voisine, ou ne retrouverons-nous nulle part cette suave béatitude qu’on aspire par tous les pores dans ce délicieux coin de terre que nous venons de quitter ? Le ciel n’a-t-il épuisé ses bienfaits sur une petite île que pour appauvrir tout ce qui l’environne ? Nous le saurons