dans des haillons fangeux, qui les inonde de vermine, qui les abrutit, les énerve, les dissèque. Oh ! je vous l’ai dit, Humata soulève le cœur.
M. Médinilla, gouverneur omnipotent de cet archipel isolé, M. Médinilla, dont je vous parlerai plus tard, et envers lequel j’ai un tort grave à me reprocher, me répondit, quand je lui parlai de ces êtres misérables qu’on voyait çà et là étaler au soleil leurs plaies livides
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d9/Arago_-_Souvenirs_d%E2%80%99un_aveugle%2C_nouv._%C3%A9d.1840%2C_t.1_page_418.jpg/350px-Arago_-_Souvenirs_d%E2%80%99un_aveugle%2C_nouv._%C3%A9d.1840%2C_t.1_page_418.jpg)
— C’est une population condamnée.
— Pourquoi donc ?
— Elle est toute lépreuse ; ma capitale offre un bien autre aspect.
— Mais les gens de votre capitale viennent jusqu’ici, et j’ai vu plusieurs de vos serviteurs serrer la main à ces malheureux ; la lèpre n’est-elle donc pas contagieuse ?
— Elle l’est ; mais si l’un de mes gens devient lépreux à son tour, je le chasserai et le reléguerai à Humata.
— Pourquoi ne pas empêcher ce dangereux contact ? pourquoi ne pas prévenir un malheur ? pourquoi ne pas forcer ces hommes au travail, qui donne de la force, de la souplesse aux muscles ? Ce qui les tue, c’est la paresse.