trois ou quatre brasses. La bête féroce se précipite sur le mannequin, qui semble vouloir lui disputer la proie, et tombe au fond du précipice, où d’autres Cafres apostés l’achèvent un instant après sa chute.
M. Rouvière ne parle de cette chasse qu’avec le plus profond mépris.
J’ai causé ici avec quelques personnes de la fameuse Vénus hottentote qui vint à Paris il y a déjà bien des années. C’était aussi un phénomène rare dans ces contrées, et les Hottentots s’en amusent comme nous nous en sommes amusés.
Je ne vous dirai rien de l’idiome des Cafres, parce que notre langue ne peut guère traduire le claquement dont ils font usage presque à chaque mot : c’est à peu près le bruit que nous produisons lorsque nous voulons hâter la marche d’un âne. Au surplus, leurs gestes font sans doute partie de leur vocabulaire, et rien n’est curieux comme un groupe de Cafres en conversation animée. Mais ce qu’il y a de plus surprenant peut-être dans les mœurs de ces hommes si féroces, c’est qu’ils sont très-accessibles aux charmes de la musique, et que le son de notre flûte surtout les jette dans une extase difficile à décrire.
Tous ces détails sont bien pâles en présence d’une chasse au lion dirigée par Rouvière, mais je dois accomplir ma tâche d’historien. La vie, comme la mer, a ses jours de calme et de tempête.
Le dernier de tous, selon mon habitude, je quitte la terre et je passe à bord d’un navire russe qui vient de mouiller. Il est commandé par M. Kotzebue, fils du célèbre littérateur. Après trois ans d’une navigation pénible, il vient d’effectuer un voyage autour du monde… On en revient donc…