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Hésiode avait déjà montré la même réserve. Dans des vers rapportés par Pline, par Plutarque, et traduits en latin par Ausone, cet auteur n’hésite pas à décider :

Que la vie de l’homme, quand elle est bien pleine, va à 96 ans ;

Qu’une corneille vit 9 fois plus que l’homme, ou 864 ans ;

Le cerf, 4 fois plus que la corneille, ou 3 456 ans ;

Le corbeau, trois fois plus que le cerf, ou 10 368 ans ;

Le phénix, 9 fois plus que le corbeau, ou 93 312 ans ;

Les hamadryades, 10 fois plus que le phénix, ou 933 120 ans.

Hésiode, après toutes ces hardiesses, déclare cependant qu’il ignore absolument quelle est la durée de la grande année, et que Dieu seul peut la connaître.

Parmi les modernes, je ne vois que Pingré qui se soit exercé sur un problème dont la solution, suivant Hésiode, était réservée à Dieu. L’auteur de la Cométographie évaluait à plus de 25 millions d’années la période qui ramènerait les planètes à une conjonction générale ; et cependant, du vivant de Pingré, Cérès, Pallas, Junon, Vesta, et les autres planètes plus récemment découvertes, n’étaient pas connues.

Les grands noms de Platon, de Cicéron, de Sénèque, de Plutarque, ne doivent pas nous empêcher de ranger les opinions des anciens sur les relations de la grande année avec les événements de toute nature observables sur la Terre, au nombre des conceptions les plus creuses que l’antiquité nous ait léguées.