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pour inscrire leurs noms dans le calendrier. Heureusement le monde n’a pas eu à souffrir cette ignominie.

Jules César et Sosigène placèrent le jour complémentaire dans le mois de février ; mais la hardiesse ne fut pas aussi grande qu’elle le paraît d’abord ; ce mois malheureux, ce mois pair, conserva son caractère antique : au lieu de le porter à 29 jours dans les années à intercalation, on lui laissa en apparence ses 28 jours primordiaux.

Il y avait dans ce mois un sixième jour avant les calendes de mars, un jour qu’on appelait sexto-calendas, dans lequel on célébrait la fête du régifuge, instituée en mémoire de l’expulsion de Tarquin. C’est entre ce jour et la veille qu’on plaça le jour intercalaire sous le nom de bissexto-calendas. De là le nom de bissextile donné aux années de 366 jours[1].

Les pontifes successeurs de César furent chargés de présider à l’exécution de la réforme qu’il avait établie ; mais ils se trompèrent en considérant chaque bissextile écoulée, comme faisant partie des quatre années qui devaient fixer la bissextile suivante ; en sorte qu’en réalité, les bissextiles revenaient de trois en trois ans.

Ainsi ces graves personnages, qui n’auraient pas hésité à prédire l’avenir d’après le vol des oiseaux ou sur l’inspection des entrailles d’un animal égorgé par le sacrificateur, ne comprirent pas qu’il fallait multiplier 1/4 par 4 pour obtenir 1. Cette erreur, dans l’application de la

  1. Ce fut vers l’année 45 avant Jésus-Christ, suivant la manière de compter des astronomes, que s’opéra la réforme julienne ; on voit que cette grande transformation ne précéda guère que d’un an la mort de César.