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de 3 mètres. Sa tête pesait plus de 200 kilog., etc., etc. ; mais la peau se faisait remarquer par une circonstance toute particulière et très-digne d’attention : elle était couverte de crins noirs et d’un poil ou laine rougeâtre. Les ours blancs, en dévorant les chairs, avaient enfoncé avec leurs pieds, dans le sol humide, plus de 15 kilogrammes pesant de poils et de crins, qui furent retirés par M. Adams. Le cou était garni d’une longue crinière.

Cette double fourrure des éléphants polaires, les poils roides de 7 à 8 centimètres de long qui couvraient la peau du rhinocéros du Wilhoui, étaient trop bien adaptés à la rigueur du climat sibérien, pour qu’au moins il soit permis de mettre en question si ces animaux n’auraient pas pu résister à de basses températures, que, dépourvus des mêmes fourrures, leurs analogues vivants ne pourraient pas endurer. Au reste, mon illustre ami, M. de Humboldt, a recueilli dans son voyage en Asie, un fait extrêmement important, qui se rattache directement à notre sujet et semble destiné à l’éclairer d’une nouvelle lumière. Il a constaté que le tigre royal des Grandes-Indes, qu’on est accoutumé à appeler un animal de la zone torride, vit encore aujourd’hui en Asie à de très hautes latitudes ; qu’en été, par exemple, il fait des excursions jusqu’à la pente occidentale de l’Altaï, près de Barnaoul, où l’on en a tué plusieurs d’une taille énorme. Tout porte donc à croire que des éléphants à poils épais ont pu, jadis, se transporter, durant l’été, jusqu’en Sibérie. Or, là, il a dû suffire d’un accident bien ordinaire, même d’un simple éboulement, pour que leurs cadavres aient trouvé dans le sol des couches congelées