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trajet du midi au nord, ne serait plus admissible ; car si les deux grands animaux dont je viens de parler n’avaient pas été gelés aussitôt que tués, la putréfaction eût décomposé leurs chairs. Ainsi, on est conduit à penser, d’une part, que la Sibérie dut être jadis un pays chaud, puisque les éléphants et les rhinocéros y vivaient ; de l’autre, que la catastrophe qui fit périr ces animaux, rendit subitement cette région du globe glaciale.

Dans l’état actuel de nos connaissances, on n’aperçoit au premier abord qu’une seule cause qui puisse altérer presque subitement, et d’une manière bien tranchée, le caractère thermométrique d’un climat : c’est un changement subit de latitude. Toute autre circonstance semble ne devoir engendrer que des modifications insignifiantes.

Si d’épais frimas couvrent le Spitzberg pendant six mois, c’est seulement parce qu’il est situé fort près d’un des pôles de rotation. Faites que le pôle se déplace à la surface du globe de 90°, cet archipel se trouvera à l’équateur, et ses vallées arides, fécondées alors par la chaleur solaire, se pareront de la plus riche végétation. Imaginons que l’axe de rotation de la Terre vienne percer la surface en quelque point du Pérou ou du Brésil, sans que l’inclinaison de l’équateur à l’écliptique ait changé, et des montagnes de glace flotteront bientôt dans les ports du Callao et de Rio de Janéiro. Les milliers de plantes, qui aujourd’hui font la richesse et l’ornement de ces contrées, périront sous d’épaisses couches de neige et seront remplacées par quelques lichens. Je crois qu’on peut admettre, sans hésiter, que si telle ou telle autre région des tropiques devenait tout à coup le pôle ter-