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resta sous les armes toute la nuit. Le lendemain matin, 1er  mai, l’horizon de la mer, à l’orient, était clair et bien défini ; mais immédiatement au-dessus on apercevait un nuage noir qui couvrait déjà le reste du ciel, et qui même, bientôt après, se répandit dans la partie où commençait à poindre la lumière du crépuscule. L’obscurité devint telle alors que dans les appartements il était impossible de distinguer la place des fenêtres, et qu’en plein air plusieurs personnes ne purent voir ni les arbres à côté desquels elles se trouvaient, ni les contours des maisons voisines, ni même des mouchoirs blancs placés à 15 centimètres des yeux. Ce phénomène était occasionné par la chute d’une grande quantité de poudre volcanique, provenant de l’éruption d’un volcan de l’île de Saint-Vincent, et qui contenait, d’après une analyse du docteur Thomson, 91 parties de silice et d’alumine, 8 de calcaire et 1 d’oxyde de fer. Cette pluie d’un nouveau genre et l’obscurité profonde qui en était la conséquence, ne cessèrent entièrement qu’entre midi et une heure ; mais plusieurs fois, depuis le matin, on avait remarqué, en s’aidant d’une lanterne, comme des espèces d’averses pendant lesquelles la poussière tombait en plus grande abondance. Les arbres d’un bois flexible ployaient sous le faix ; le bruit que les branches des autres arbres faisaient en se cassant contrastait d’une manière frappante avec le calme parfait de l’atmosphère ; les cannes à sucre furent totalement renversées, enfin toute l’île se trouva couverte d’une couche de cendres verdâtres qui avait 3 centimètres d’épaisseur.

La situation relative de la Barbade et de Saint-Vincent