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à l’inexactitude des observations anciennes, ou si elle dépend de quelque action étrangère et inaperçue qui aurait influencé la marche de la planète. »

L’avenir ne tarda pas à montrer que cette dernière hypothèse, avancée timidement par Bouvard, était la vraie. Quelques années s’étaient à peine écoulées que déjà il était prouvé que les tables de Bouvard ne pourraient satisfaire aux observations nouvelles d’Uranus. L’idée de l’existence d’une force perturbatrice inconnue vint à l’idée de tous les astronomes. Quelle était cette force ? En juin 1829, M. Hansen écrivait à Bouvard que pour expliquer les différences qui existaient entre les observations de chaque jour et les tables d’Uranus, il fallait recourir aux perturbations de deux planètes inconnues. Bouvard admit dès cette époque que l’on devait reconstruire les tables de la planète d’Herschel afin de les perfectionner et de pouvoir connaître exactement la valeur des perturbations, et il confia ce soin en 1834 à son neveu, M. Eugène Bouvard. Il avait l’espérance que, retournant le problème ordinaire des perturbations qui consiste à déterminer leur grandeur d’après la connaissance des mouvements des astres troublants, on pourrait conclure les éléments de l’orbite du principal de ces astres d’après les valeurs observées des différences existant entre les positions réelles d’Uranus et les positions assignées par les calculs qui ne tenaient compte que de l’action de Saturne et de Jupiter. Cette espérance était partagée par Bessel qui, à la date du 8 mai 1840, écrivait à mon illustre ami, Alexandre de Humboldt :

« Vous me demandez des nouvelles de la planète située