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Malgré tous mes soins, je n’ai trouvé aucun moyen de prononcer avec certitude que Laplace a précédé Lexell dans la détermination de l’orbite circulaire d’Uranus, pas plus qu’il ne me serait possible d’affirmer que l’astronome de Pétersbourg a eu l’antériorité sur l’illustre géomètre français[1]. Il n’y a que le président de Saron, dont tous les compétiteurs reconnaissent eux-mêmes les droits. La justice commande donc, ce me semble, de citer d’abord de Saron pour avoir montré, contre l’opinion commune, que le nouvel astre était à une immense distance : deux fois au moins plus éloigné du Soleil que Saturne[2], et d’attribuer ensuite, mais sans distinction, à Lexell et à Laplace la première preuve qu’on ait eue qu’une orbite circulaire représentait assez bien l’ensemble des observations.

  1. La priorité semblerait appartenir à Lexell, s’il fallait en croire un Mémoire où Lalande parle d’une lettre de l’astronome de Pétersbourg, écrite de Londres en juin ou en juillet 1781, et communiquée à l’Académie des sciences. À cela je réponds que Lexell fait mention lui-même de cette lettre dans son travail : qu’il cite Magellan, son correspondant, comme la personne qui en donna connaissance aux académiciens de Paris ; mais qu’il n’y est question que d’une orbite parabolique, ayant au moins 8 pour distance périhélie, « ce qui servit, ajoute Lexell, à convaincre ceux des académiciens qui doutaient des résultats trouvés par le digne et respectable président de Saron, lequel en examinant quatre observations du nouvel astre, avait trouvé qu’une orbite parabolique, avec 14 de distance périhélie, satisfaisait assez bien aux observations. » (Académie de Pétersbourg, t. IV.)
  2. Si l’on mettait en question le mérite qu’il y a eu à s’assurer que l’éloignement du nouvel astre était extrême, je dirais que Méchain, dont l’habileté comme calculateur n’a jamais soulevé un doute, trouvait dans ses premiers calculs, pour la distance périhélie, 0,46 au lieu de 8,28.