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vations de déplacement angulaire dont ils pouvaient alors disposer.

Je regrette de laisser planer quelque incertitude sur le nom du savant qui reconnut le premier la nécessité de recourir à une orbite à peu près circulaire. Dans le tome iv des Mémoires de l’Académie de Pétersbourg, publié en 1783, Lexell disait qu’il pourrait prouver par le témoignage de plusieurs astronomes que cet honneur lui appartenait ; mais la preuve, c’était pourtant l’essentiel, il ne la donna point ; Lexell n’indiqua pas même la date de ses essais. Or Laplace, dans sa théorie du mouvement et de la figure elliptique des planètes, mise au jour en 1784, par les soins de M. de Saron, fait remonter au mois d’août 1781 sa détermination d’un orbe circulaire d’un très-grand rayon. En rapprochant diverses circonstances, il serait facile de prouver que dans le mois d’août 1781, Lexell n’avait certainement rien achevé encore touchant la marche circulaire du nouvel astre. Il nous manque d’ailleurs l’élément d’après lequel les droits des inventeurs sont toujours appréciés sans équivoque : la date de la publication. Dans ce cas-ci, l’attention du monde savant étant vivement excitée par la comète rebelle sans queue et sans chevelure, les correspondances privées donnaient cours sur-le-champ aux moindres paroles prononcées devant les Académies, et même aux simples conjectures communiquées confidentiellement à des amis. Aussi l’Europe entière savait-elle que notre système solaire s’était enrichi d’une belle planète, assez longtemps avant d’en avoir les preuves sous les yeux.