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le déplacement s’opérait. Malgré l’extrême habileté des calculateurs, le travail était sans cesse à recommencer. Quoique l’astre marchât avec beaucoup de lenteur, on ne parvenait jamais à représenter l’ensemble de ses positions. Les observations d’un mois renversaient de fond en comble l’édifice que les observations du mois précédent avaient permis d’élever sur des bases en apparence très-solides.

Ceux que ces hésitations, que ces insuccès renouvelés étonnent aujourd’hui outre mesure, n’ont pas assez réfléchi aux idées qui devaient dominer, en 1781, les géomètres et les astronomes célèbres dont j’ai cité les noms.

L’astre nouveau était annoncé comme une comète. Toutes les comètes connues avaient suivi jusque-là des ellipses extrêmement allongées, autant vaut dire presque des paraboles. Dans l’ensemble des paraboles cométaires inscrites dans les catalogues, on ne voyait aucune distance périhélie supérieure à 4,2, la distance du Soleil à la Terre étant supposée égale à l’unité. Telles étaient les conditions dans lesquelles les calculateurs essayaient de se renfermer ; ils voulaient à toute force que la comète nouvelle, comme ses devancières, parcourût une courbe très-allongée ; ils voulaient encore que le sommet de cette orbite ne fût pas très-éloigné du Soleil. On serait injuste en ne remarquant pas combien les observations micrométriques faites par Herschel peu de temps après sa première découverte pouvaient aussi égarer les calculateurs : elles n’allaient, en effet, à rien moins qu’à faire croire qu’en très-peu de jours, qu’à la suite d’un mouvement apparent en longitude de moins