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par des observations d’une autre nature. N’ayant pas les instruments fixes qui, dans les grands Observatoires, servent à étudier les mouvements propres, Herschel compara l’astre sur lequel son œil exercé avait saisi des anomalies aux étoiles situées dans son voisinage. Un micromètre à fils particulier donnait, d’une part, la distance rectiligne cherchée, et, de l’autre, l’angle de position. Ces observations montrèrent bientôt que l’étoile se déplaçait[1]. Quoiqu’elle n’eût aucune trace de barbe ou de queue, Herschel n’hésita pas à la qualifier de comète. C’est sous ce nom qu’il en fut d’abord question à la Société royale de Londres. Account of a Comet, tel est le titre du Mémoire daté du 26 avril 1781, dans lequel, pour la première fois, Herschel a parlé de la planète Uranus (Transactions philosophiques, 1781, p. 492).

Aussitôt que les astronomes du continent eurent été avertis par Maskelyne, directeur de l’Observatoire de Greenwich, de la découverte d’Herschel, ils en firent l’objet de leurs travaux les plus assidus. Les uns, Messier, Lemonnier, Lalande, Méchain, Reggio, Césaris, Bode, Wargentin, etc., comparèrent, chaque nuit sereine, la position de l’astre mobile à celle des étoiles fixes situées dans son voisinage ; les autres, Laplace, le président de Saron, Méchain, Boscowich, Lexell, etc., cherchèrent à déterminer la courbe le long de laquelle

  1. Si Herschel avait dirigé son télescope vers la constellation des Gémeaux onze jours plus tôt (le 2 mars au lieu du 13), le mouvement propre d’Uranus lui aurait échappé, car cette planète était, le 2, dans un de ses points de station. On voit par cette remarque à quoi peuvent tenir les plus grandes découvertes astronomiques.