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J’ai entendu raconter qu’il existait à Hambourg, vers le commencement de ce siècle, deux sœurs qui voyaient nettement et sans difficulté ceux des quatre satellites qui s’éloignent le plus de la planète. Mais toute vérification faite, il fut établi qu’il y avait là une supercherie. Un astronome célèbre ayant soumis les deux observatrices à l’épreuve de l’expérience, reconnut qu’elles voyaient à droite de Jupiter ce qui était à gauche, et réciproquement ; dès lors il resta avéré qu’elles se guidaient sur les dessins contenus, pour chaque jour de l’année, dans les Éphémérides de Berlin, lesquelles, pour la commodité des astronomes qui généralement emploient des lunettes à deux verres convexes ou renversant les objets primitifs, présentent les satellites et la planète, non tels qu’ils sont réellement, mais tels qu’ils paraissent dans ces instruments.

Quelle influence sur la visibilité doit-on attribuer à l’étendue des couches atmosphériques traversées par les rayons de Jupiter et des satellites ?

Je trouve dans une lettre de mon ami Boussingault, de 1835, que, pendant son séjour à Bogota, ni lui, ni son compagnon Rivero, ne parvinrent à voir à l’œil nu les satellites de Jupiter, quoiqu’ils fussent à la hauteur de 2 640 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Wrangel rapporte qu’en Sibérie il rencontra un chasseur du pays qui, lui montrant Jupiter, lui dit : « Je viens de voir cette grosse étoile en avaler une petite et la vomir peu de temps après. » C’était, suivant le célèbre voyageur russe, une immersion et l’émersion subséquente du troisième satellite à laquelle le chasseur faisait allu-