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réformé, ce qui semble présenter en sa faveur une antériorité de dix jours sur les observations de Galilée, qui suivait déjà le calendrier grégorien.

La préface dont est accompagné l’ouvrage de Marius de 1614, en la supposant véridique, prouverait que cet astronome avait déjà reconnu, à la fin de novembre ou au commencement de décembre 1609, que de petites étoiles circulent autour de Jupiter. Mais doit-on ajouter foi à la réclamation tardive de Marius lorsqu’on songe qu’il s’était déjà trouvé quelque peu impliqué dans l’accusation de plagiat que fit Galilée à un seigneur Capra, à l’occasion du compas de proportion, procès que le grand astronome de Florence gagna complétement ?

Au surplus, la révélation d’une découverte par une lecture académique ou par l’impression sont les seuls moyens de constater les droits à une invention, et, sous ce rapport, la priorité ne saurait être contestée à Galilée[1].

Nous opposerons aussi cette dernière remarque aux réclamations posthumes qu’on a faites en faveur d’Harriot, savant anglais très-distingué, et qui mourut fort jeune. Ses manuscrits, a dit M. de Zach, renferment la preuve qu’Harriot vit les satellites de Jupiter dès le

  1. J’ai été étonné de lire dans l’ouvrage de mon meilleur ami, le Cosmos de M. de Humboldt, que, malgré les principes reconnus libéralement par lui-même en tant d’occasions, il attribue la première découverte des satellites de Jupiter à Marius. Le mathématicien de l’électeur de Brandebourg n’a droit à être cité sur cette matière que pour avoir eu l’idée, malheureuse à tant d’égards, de donner à ces satellites les noms d’Io, d’Europe, de Calisto et celui de Ganymède.