Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cas, quoique ces corps ne deviennent en général visibles pour nous qu’en approchant de notre planète, ils doivent cependant se projeter sur l’astre radieux. Or, le disque du Soleil s’obscurcit parfois momentanément, et sa lumière s’affaiblit à tel point qu’on voit les étoiles en plein midi. M. de Humboldt rappelle avec raison « qu’un phénomène de ce genre, qui ne peut s’expliquer ni par des brouillards, ni par des cendres volcaniques, eut lieu en 1547, vers l’époque de la fatale bataille de Mülhberg, et dura trois jours. Kepler, ajoute mon illustre ami, voulut en chercher la cause d’abord dans l’interposition d’une materia cometica, puis dans un nuage noir que des émanations fuligineuses, sorties du corps même du Soleil, auraient contribué à former. Chladni et Schnurrer attribuaient au passage de masses météoriques devant le disque du Soleil les phénomènes analogues des années 1090 et 1208, qui durèrent moins longtemps, le premier pendant trois heures, le second pendant six heures seulement. »

Messier rapporte que le 17 juin 1777, vers midi, il vit passer sur le Soleil, pendant cinq minutes, un nombre prodigieux de globules noirs. Ces globules ne faisaient-ils pas partie de l’un des anneaux d’astéroïdes dont toutes les observations des météores cosmiques tendent à faire admettre l’existence ? Deux autres obscurcissements du Soleil, celui du commencement de février 1106 et celui du 12 mai 1706, pendant lequel, vers 10 heures du matin, la nuit devint telle que les chauves-souris se mirent à voler et qu’on fut obligé d’allumer des chandelles, ne paraissent pas pouvoir s’expliquer autrement.