Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/526

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cine de Montpellier, publia en 1578, un ouvrage sur les Erreurs populaires touchant la médecine. Dans cet ouvrage, il classe « le mal caduc (l’épilepsie) et quelque espèce de folie dite mélancolie, parmi les maux qui suivent fort évidemment le cours et les faces de la Lune, » mais sans citer des exemples démonstratifs à l’appui de son opinion.

À l’instant même d’une éclipse de Lune, un maniaque, suivant Mathiolus Faber, devint furieux, s’arma d’une épée et en frappa tous ceux qui se trouvèrent sur son passage.

Faut-il voir là le résultat d’une action physique de notre satellite ou bien l’effet d’une imagination qui s’était exaltée dans l’attente du phénomène céleste ? Je pense qu’on n’hésitera pas à adopter cette dernière supposition, si j’ajoute qu’avant le jour fatal de l’éclipse, le maniaque était devenu de plus en plus sombre et soucieux.

Rimazzini rapporte que les personnes atteintes d’une fièvre épidémique qui régna dans toute l’Italie en 1693, périrent en très-grand nombre le 21 janvier, au moment d’une éclipse de Lune. J’admettrais peut-être la conséquence que Rimazzini tire de ce fait, si je savais avec certitude que les victimes du 21 janvier ignoraient que l’éclipse dût avoir lieu. Comment, en vérité, ne serait-on pas tenté de faire, en tout ceci, une large part à l’imagination frappée des malades, lorsque nous trouvons qu’en août 1654, des personnes considérables s’enfermèrent, par ordonnance du médecin, dans des chambres bien closes, bien échauffées et bien parfumées, afin d’échapper aux mauvaises influences de l’éclipse de Soleil qui