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Si de la lumière solaire tombe sur un corps non poli, il y aura une distinction essentielle à établir entre les rayons qui viendront de ce corps à notre œil ; les uns seront réfléchis spéculairement sur les petites facettes qui existent à la surface du corps, les autres ont pénétré le corps, se sont en quelque sorte incorporés à sa substance, et paraissent partir dans tous les sens de tous les points de la surface, comme si le corps était devenu lumineux par lui-même. Cette seconde espèce de lumière varie énormément d’intensité et quelquefois de couleur, suivant la nature des corps ; elle est presque nulle dans les matières charbonneuses, dans le charbon de terre, par exemple ; elle est très-considérable, au contraire, dans les roches calcaires. Si nous ne considérions que la lumière réfléchie spéculairement par les facettes extérieures des corps, nous ne trouverions entre une surface de charbon et une surface de marbre que de petites différences.

C’est la lumière émanant de l’intérieur de la matière éclairée par le Soleil qui produit les inégalités d’éclat énormes qu’on remarque entre les objets terrestres placés dans les mêmes circonstances ; c’est donc à la dissemblance des matières dont se compose la surface de la Lune et non à des rayons régulièrement réfléchis qu’il faut principalement attribuer les inégalités d’éclat qu’on y observe même à l’œil nu.

Les roches dont la Terre se compose, éclairées par le Soleil et vues de la Lune, brillent comme les matières dont la Lune est formée lorsqu’on les observe de la Terre.