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distances à la Terre différentes et dans une relation convenable avec leurs positions réelles, on trouverait que deux astres qui paraîtraient se toucher pourraient occuper en réalité dans l’espace les régions les plus éloignées.

Avant de rechercher si ces conséquences singulières, déduites de la double supposition de l’immobilité de la Terre et de la vitesse successive de la lumière, peuvent se concilier avec les faits, examinons le cas où la Terre se meut dans l’espace, le firmament et tous les astres qui le composent étant immobiles[1].

Les centres rayonnants, d’où la lumière part en ligne droite et suivant des directions divergentes, sont alors immobiles dans l’espace. Un de ces points rayonnants paraîtra se lever lorsque l’horizon, dans son mouvement de rotation dirigé de l’occident à l’orient, viendra coïncider avec une des lignes droites qui en émanent. Un astre passera au méridien quand le prolongement de ce plan, par l’effet du mouvement de rotation de la Terre, viendra coïncider avec la position invariable de l’astre vers laquelle convergent tous les rayons qui nous le font voir.

Peu importe, quant au lever de l’astre et à son passage au méridien, que les molécules lumineuses à l’aide desquelles les deux phénomènes se sont manifestés, soient parties de l’astre plusieurs heures, plusieurs semaines, plusieurs années et même plusieurs siècles avant leur observation, puisque ces molécules se meuvent toutes

  1. Je ne tiens pas compte ici du petit déplacement journalier des planètes ; ce déplacement a donné lieu au phénomène connu sous le nom d’aberration, et dont l’importance numérique, comme on le verra, ne s’élève qu’à quelques secondes.