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Concevons, pour fixer les idées, que le choc oblique d’une comète fasse en un instant tourner l’ensemble des parties solides dont la Terre est composée, autour de celui de ses diamètres qui passe par Brest. Cette ville étant devenue le pôle, toute la presqu’île de la Bretagne se trouverait dans un repos presque absolu. L’Océan qui la baigne à l’ouest ne serait pas dans le même cas, parce qu’il se trouve seulement posé sur la charpente solide dont son lit est formé. Les eaux se précipiteraient donc en masse sur un rivage qui désormais ne fuirait plus devant elles, et cela avec l’ancienne vitesse du parallèle actuel de Brest, avec une vitesse de près de 5 lieues par minute.

Voilà donc, par une influence cométaire, de vastes parties du continent inondées, de hautes régions ensevelies sous les flots ; mais est-ce bien ainsi qu’ont été amenés sur les montagnes les dépôts marins qu’on y a découverts ? nullement. Ces dépôts sont fréquemment horizontaux, très-étendus, très-épais, très-réguliers. Les coquilles variées et souvent fort petites qui les composent, ont conservé leurs crêtes, leurs pointes les plus délicates, leurs parties les plus fragiles. Tout éloigne donc l’idée d’un transport violent ; tout démontre que le dépôt s’est formé sur place. Que reste-t-il maintenant à ajouter pour compléter l’explication sans avoir recours à une irruption de l’Océan ? Il faut admettre, comme nous l’avons démontré précédemment (chap. ix, p. 72 et suiv.) que les montagnes et les terrains plus ou moins accidentés qui leur servent de base ont poussé, de bas en haut, comme des champignons ; qu’ils sont sortis du sein des eaux par voie de soulèvement. En 1694, Halley regardait déjà les