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disant que si la Terre tournait la tourterelle n’oserait plus s’élever de son nid, car bientôt elle perdrait inévitablement la vue de ses petits.

Mais la réponse à l’objection que nous examinons, sous quelque forme qu’on la présente, est d’une extrême simplicité. Personne n’a prétendu, en effet, que la Terre dans son mouvement de rotation n’entraînât pas l’atmosphère avec elle, et que sauf l’action des vents et des courants, les molécules matérielles dont cette atmosphère gazeuse se compose, ne participassent pas aux mouvements de la partie solide de notre globe avec laquelle elles sont immédiatement en contact. Personne n’a supposé, non plus, que le mouvement de ces molécules gazeuses, en contact avec la Terre, ne se soit pas communiqué aux couches superposées jusqu’aux dernières limites de l’atmosphère.

Ainsi l’objection est sans valeur.

J’examinerai maintenant avec toute liberté, sans aucune réticence, une difficulté jadis célèbre, empruntée à une source respectable, à l’Écriture sainte.

Josué, prétendait-on dans les temps d’ignorance, n’aurait pu commander au Soleil de s’arrêter, si cet astre n’avait pas marché. En raisonnant de la même manière, on pourrait affirmer que les astronomes d’aujourd’hui ne croient pas au mouvement de la Terre, car ils disent généralement, le Soleil se lève, le Soleil passe au méridien, le Soleil se couche ; leur langage est d’accord avec les apparences, sans cela ils ne seraient pas compris. Si Josué s’était écrié : «Terre, arrête-toi ! » aucun des soldats de son armée n’aurait certainement su ce qu’il