Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment bien résolue par un illustre géomètre. Fourier a fait voir que si on admet que la Terre ait reçu toute sa chaleur du Soleil, on doit trouver dans sa masse une température constante pour toutes les époques de l’année, variable d’un climat à l’autre, mais toujours la même dans chaque pays. Le fait dément cette conséquence. On doit donc à Fourier la démonstration de cette vérité, qu’il y a dans la Terre une chaleur propre qui ne dépend pas du Soleil. Fourier a fait plus encore ; il a montré par le calcul, que la supposition de la chaleur centrale, que l’hypothèse de la fluidité de la masse terrestre à une profondeur de quelques lieues, ne saurait avoir qu’une influence insignifiante sur la température propre de la surface. L’affreuse congélation du globe, dont Buffon fixait l’époque au moment où la chaleur centrale se sera totalement dissipée, est donc un rêve. À l’extérieur, la Terre n’est plus imprégnée que de chaleur solaire ; nous aurons à rechercher les lois de ce phénomène, lorsque nous nous occuperons des climats et des saisons.

Je dois dire qu’un autre géomètre, digne émule de Fourier, ne s’est pas montré satisfait de l’hypothèse de son devancier. Poisson a vu une difficulté à la chaleur d’origine dans la température excessive qu’aurait le centre de la Terre, température qui, à raison d’un trentième de degré d’accroissement par mètre de profondeur, nombre donné par les observations faites près de la surface, surpasserait deux millions de degrés. Les matières soumises à cette température seraient, suivant Poisson, à l’état de gaz incandescents. Il en résulterait une force élastique à laquelle la croûte solidifiée du globe ne pourrait pas résis-