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arrivé à un état stable ; que le fond de la mer Caspienne, par exemple, offre des alternatives d’exhaussement et d’affaissement remarquables.

Au surplus, le fait que nous venons de discuter perdrait une grande partie de sa singularité, si on l’envisageait comme un simple phénomène météorologique. Une comparaison donnera, j’espère, à cette pensée toute la clarté désirable.

Supposons qu’une île, Nérita ou Julia, vienne à surgir au milieu du détroit de Gibraltar et à en fermer l’entrée. Dès ce moment, le courant rapide qui verse constamment une portion des eaux de l’Océan dans la Méditerranée, sera supprimé ; dès ce moment, le niveau de la Méditerranée s’abaissera, car le volume total des rivières qu’elle reçoit, ne compense pas, à ce qu’il paraît, les pertes résultant de l’évaporation. Pendant cet abaissement graduel du niveau de la mer, des parties, actuellement immergées, sortiront des flots, se rattacheront aux continents voisins, en restant comme aujourd’hui au dessous du niveau de l’Océan. Voilà peut-être, en deux mots, tout le phénomène de la mer Caspienne, surtout si l’on ajoute, avec quelques géologues, que dans cette dernière mer, de larges crevasses volcaniques permettent de temps en temps à ses eaux de se répandre dans les entrailles de la Terre, et rendent ainsi plus sensible la différence qui, sans cela même, eût déjà existé entre les effets de l’évaporation annuelle et les produits du Volga et des autres fleuves.