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sera en S‴, sur la surface tangentielle menée par l’intersection E de l’horizon AB avec la circonférence limite de l’atmosphère, le crépuscule cessera. Dès que le Soleil est couché, on doit donc voir une sorte d’arc apparaître du côté opposé, s’élever de plus en plus, atteindre le zénith, puis s’abaisser, et enfin disparaître. Les phénomènes se passeraient d’une manière inverse pour l’aurore ou crépuscule du matin. Telle est la théorie que les plus anciens astronomes avaient conçue des phénomènes crépusculaires. On trouve dans l’Optique d’Alhasen, que l’angle d’abaissement du Soleil pour la fin du crépuscule ou le commencement de l’aurore est de 18°, et c’est encore cette valeur que les astronomes modernes adoptent comme moyenne. Rothman avait trouvé que le crépuscule ne finissait complétement que lorsque le Soleil était descendu de 24° au-dessous de l’horizon ; Nonius donnait 16°, Cassini 15°. Riccioli trouvait pour les équinoxes 16° le matin et 20° le soir.

Dans nos climats on aperçoit difficilement avec netteté la limite de séparation entre la partie de l’atmosphère éclairée par le Soleil et celle qui ne reçoit pas ses rayons directs. Mais Lacaille, dans son voyage au cap de Bonne-Espérance, a constaté toutes les phases que nous venons d’indiquer d’après la théorie. « Les 16 et 17 avril 1751, dit-il, étant en mer et en calme, par un ciel extrêmement clair et serein, où je distinguais Vénus à l’horizon de la mer, comme une étoile de seconde grandeur, je vis la lumière crépusculaire terminée en arc de cercle, aussi régulièrement que possible. Ayant réglé ma montre à l’heure vraie, au coucher du Soleil, je vis cet arc con-