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s’élance dans les airs en forme de cône ; la seule entièrement composée de trachyte ; la seule enfin où il existe un soupirail toujours ouvert. Les géologues se sont accordés à regarder le cratère et les immenses courants de lave qui se firent jour en 1808 dans l’île Saint-George, comme les résultats d’une éruption latérale du volcan del Pico. Ils expliquent en général de la même manière les éruptions remarquables qu’a présentées l’île de Saint-Michel et la formation subite d’un îlot, dans le voisinage de cette île en 1811. Cet îlot, dont le capitaine de la Sabrina, témoin de l’événement, prit possession au nom du roi d’Angleterre, a totalement disparu depuis. La mer n’a pas maintenant, dans les points où l’île sortit des flots, moins de 130 mètres de profondeur. Plusieurs cratères se sont momentanément ouverts dans l’île de SaintMichel ; en 1522, une éruption lança en l’air deux collines et couvrit de débris la ville de Villa Franca, qui fut entièrement détruite ; 4 000 habitants perdirent la vie sous les décombres.

Le Pic de Teyde, qui s’élève majestueusement dans l’île de Ténériffe, est le volcan central des îles Canaries. Cette bouche volcanique paraît avoir beaucoup plus agi par ses flancs que par son sommet. Le cratère proprement dit n’a guère plus de 70 mètres de diamètre et de 35 mètres de profondeur. De temps immémorial, il n’en est sorti ni lave, ni flammes, ni même de fumée visible de loin. La dernière éruption, celle de 1798, se fit latéralement par la montagne de Chahorra. Elle dura plus de trois mois. Divers fragments de roches très considérables, que le volcan, de temps à autre, projetait