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avaient la grandeur de grains de chanvre ; mais il y en avait de la grosseur d’une noisette, d’une noix et même d’un œuf. La grande éruption du Vésuve de 1850 a vomi une lave dans laquelle se trouvaient des blocs granitiques énormes, et qui a formé un vaste plateau dont les bords constituent comme un rempart cyclopéen, élevé d’au moins 5 mètres au-dessus de la plaine où le torrent volcanique s’est arrêté.

L’Etna se fait remarquer par son étonnante hauteur. Il se distingue aussi par son ancienneté. Pindare, qui vivait en l’an 449 avant Jésus-Christ, cite déjà l’Etna comme un volcan enflammé. Thucydide nous a conservé des détails sur l’éruption qui eut lieu l’an 476 avant l’ère vulgaire. Quant à Homère, il ne nomme même pas la montagne, quoique dans l’Odyssée il fasse aborder Ulysse en Sicile. Ce silence d’un poëte qu’on a toujours admiré pour l’étendue et l’universalité de ses connaissances, a fait supposer avec une certaine probabilité que longtemps avant l’époque d’Homère, le volcan était éteint. Les historiens romains, ceux du moyen âge et des temps modernes, ont décrit un si grand nombre d’éruptions de l’Etna, qu’il ne serait peut-être pas difficile de prouver que, dans une période de deux mille ans, ce volcan n’a jamais sommeillé pendant un siècle entier.

Sénèque disait que les montagnes volcaniques ne fournissent pas l’aliment du feu, qu’elles lui offrent seulement une issue. Le père Kircher semble avoir voulu commenter ces paroles du philosophe romain, lorsqu’il a avancé dans son Monde souterrain, livre iv, que les déjections de l’Etna réunies formeraient un volume vingt