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Schrœter employa divers grossissements, et plusieurs personnes présentes à l’observation la confirmèrent par leur témoignage.

Supposons la planète sans aspérités, parfaitement lisse. Son croissant se terminera toujours par deux pointes exactement pareilles et très-aiguës. Admettons, au contraire, que Vénus soit couverte de montagnes. Leur interposition sur la route des rayons éclairants venant du Soleil, pourra empêcher quelquefois l’une ou l’autre des cornes, ou toutes les deux à la fois, de se former régulièrement ; le croissant n’aura plus alors une entière symétrie ; les cornes ne seront pas constamment pointues, constamment semblables ; on les apercevra tronquées. C’est ainsi que les choses se passent, comme nous l’avons vu précédemment par les dessins (fig. 224, p. 518) donnés par MM. Beer et Masdler ; donc Vénus n’est pas un corps poli ; donc il existe à sa surface des montagnes, comme nous verrons que cela a lieu pour la Lune.

Les phénomènes de la troncature ou de rallongement irrégulier des cornes, ont donc servi à prouver qu’il existe, à la surface de cette planète, des montagnes, dont la hauteur surpasse énormément celle des montagnes terrestres.

Le résultat général des mesures prises a été que les plus hautes montagnes de Vénus sont cinq fois plus élevées que les plus hautes montagnes de la Terre, que leur hauteur atteint 44 000 mètres ou 11 lieues.

William Herschel crut devoir répandre des doutes sur ces résultats.

Schrœter répondit, en faisant remarquer le peu de valeur