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Gasparin, en gravissant le mont Ventoux, en Provence, traversa un nuage épais qui ne mouillait pas les habits, qui ne ternissait pas les métaux, qui ne faisait pas marcher l’hygromètre à l’humidité, qui, enfin, paraissait, sous tous les rapports, semblable au brouillard de 1783 ? Je ne pousserai pas plus loin mes questions, car ici je voulais seulement montrer que la nouvelle explication du phénomène mérite les honneurs d’une discussion attentive, tout aussi bien que celle dont nous nous étions d’abord occupés.

À défaut des effluves terrestres, on pourrait se demander, avec Franklin, si le brouillard sec de 1783 n’était pas tout simplement le résultat de la dissémination générale, opérée par les vents, de ces épaisses colonnes de fumée que l’Hécla projeta dans les airs pendant tout l’été ; ou bien, car l’illustre philosophe américain a fait encore cette supposition, rien n’empêcherait de soutenir qu’un immense bolide, en pénétrant dans notre atmosphère, s’y enflamma seulement à demi, et que les torrents de fumée dont cette combustion imparfaite furent la conséquence, déposés d’abord dans les plus hautes régions de l’air, se répandirent sur toutes les directions et dans toutes les couches atmosphériques, soit par l’action des vents ordinaires, soit par les courants ascendants et descendants verticaux, qui jouent un si grand rôle dans la météorologie.

Les aérolithes qui tombent de temps à autre sur la Terre sont quelquefois des masses métalliques très-compactes. Le plus ordinairement on les confondrait avec des pierres communes, si ce n’était la légère couche vitrifiée