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matières cosmiques ; mais je crois utile de faire observer que la coloration insolite, bleue ou verte, du disque solaire, pourrait n’avoir eu rien de réel ; que si les brouillards ou les nuages voisins du Soleil étaient, comme il est permis de le supposer, rouges par réflexion, la lumière directe de cet astre, affaiblie mais non colorée, dans son trajet à travers les vapeurs atmosphériques, ne devait pas manquer de se revêtir, du moins en apparence, de la teinte complémentaire du rouge, c’est-à-dire d’un bleu plus ou moins verdâtre. Le phénomène rentrerait ainsi dans la classe des couleurs accidentelles dont les physiciens modernes se sont tant occupés : ce serait un simple effet de contraste.

Pendant l’existence de ce brouillard, il n’y eut pas, à proprement parler, de nuit, dans les lieux où l’atmosphère en paraissait fortement imprégnée. Ainsi, dans le mois d’août, à minuit même, on pouvait lire quelquefois les plus petites écritures, en Sibérie, à Berlin, à Gênes, etc.

La lumière crépusculaire, dans les circonstances les plus favorables, ne commence à poindre à l’horizon qu’au moment où la dépression du Soleil au-dessous de ce plan n’est plus que de 18°. Or, à minuit, le 3 août, jour de l’observation de Berlin, le Soleil se trouvait abaissé de plus de 19°. Le crépuscule commun devait donc y être nul, et cependant tous les témoignages constatent qu’on distinguait aisément, en plein air, les caractères d’imprimerie les plus menus.

Si le brouillard reflétait cette lumière, il occupait nécessairement, dans l’atmosphère ou hors de ses limites,