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On ne saurait rien déduire de ces observations, ni sur la vitesse, ni même sur le sens de la propagation.

Ce brouillard affaiblissait à tel point la lumière qui le traversait, qu’on pouvait, toute la journée, observer le Soleil à l’œil nu, sans verre noir, sans verre coloré, sans aucun de ces moyens auxquels les astronomes ont habituellement recours pour se garantir la vue.

Sur la côte d’Afrique, le Soleil ne commençait à être visible qu’après que sa hauteur au-dessus de l’horizon surpassait 15° ou 20°. La nuit, le ciel s’éclaircissait quelquefois, et l’on pouvait observer même les étoiles. Je tiens cette dernière circonstance, si digne de remarque, de M. Bérard, l’un des officiers les plus instruits de la marine française.

M. Rozet, capitaine d’état-major à Alger ; les observateurs d’Annapolis, aux États-Unis ; ceux du midi de la France ; les Chinois, à Canton, ont vu le disque solaire bleu d’azur, ou verdâtre, ou vert d’émeraude.

Il n’est sans doute pas impossible, théoriquement parlant, qu’une substance gazeuse, qu’une vapeur, analogue en cela à tant de matières liquides ou solides que la chimie moderne a découvertes, colore en bleu, en vert, en violet, la lumière blanche qui la traverse ; jusqu’ici, cependant, on n’en connaissait pas d’exemple bien constaté, et les teintes transmises par des nuages, par des brouillards, avaient toujours appartenu à des nuances plus ou moins prononcées de rouge ou de pourpre, c’est à-dire à ce qui caractérise habituellement les diaphanéités imparfaites. Peut-être se croira-t-on autorisé, par cette circonstance, à ranger le brouillard de 1831 parmi les