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de cette prétendue diffusion des lumières que tant d’optimistes se complaisent à signaler comme le trait caractéristique de notre siècle. Quant à moi, je suis depuis longtemps revenu de ces illusions. Sous le vernis brillant et superficiel dont les études purement littéraires de nos colléges revêtent à peu près uniformément toutes les classes de la société, on trouve presque toujours, tranchons le mot, une ignorance complète de ces beaux phénomènes, de ces grandes lois de la nature qui sont notre meilleure sauvegarde contre les préjugés.

Lorsque se montra en 1456 l’éclatante comète dont Halley a montré la périodicité, qui est revenue en 1531, 1607, 1682, 1759 et 1835, et qui reviendra en 1911, le pape Calixte, ainsi que nous l’avons déjà rapporté, en fut si effrayé qu’il ordonna des prières publiques dans lesquelles on conjurait à la fois la comète et les Turcs.

Afin que personne n’oubliât de réciter cette espèce d’Angelus, le pape ordonna que les cloches de toutes les églises seraient sonnées à midi. Ainsi nous sommes redevables de cet usage, qui s’est conservé, à la comète de 1456. Une autre comète, celle de 590, aurait été, au dire de quelques auteurs, l’occasion d’une coutume bizarre qui n’est pas moins répandue chez tous les peuples de la chrétienté. L’année de cette comète, et par son influence, une effroyable peste se développa. Pendant le fort de la maladie, un éternument était souvent suivi de la mort : de là le Dieu vous bénisse ! dont, depuis cette époque, tout éternueur est salué.

L’empereur Charles-Quint vit dans la comète de 1456 un signe céleste qui venait l’avertir de se préparer à la