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sance de notre système, une comète tomba dans le Soleil.

À l’objection que je viens de signaler, je puis en joindre une autre puisée dans des considérations que fournissent des observations modernes, dont Buffon n’avait aucune connaissance.

Tout corps solide, tout boulet de canon, par exemple, qui serait lancé dans l’espace avec la direction et la vitesse convenables pour qu’il devînt un satellite de la Terre, repasserait à chacune de ses révolutions par le point de départ, abstraction faite, du moins, de la résistance de l’air ; cela résulte, avec une entière évidence, des premiers principes de la mécanique.

Si la comète de Buffon, en choquant le Soleil, en avait détaché des fragments solides ; si les planètes de notre système avaient été originairement de tels fragments, elles auraient, à chaque révolution, rasé de la même manière la surface du Soleil. Tout le monde sait à quel point cela est éloigné de la vérité. Aussi notre grand naturaliste ne croyait-il pas que la matière qui compose les planètes fût sortie du globe solaire en masses distinctes et toutes formées. Il imaginait, comme je l’ai dit, que la comète avait fait jaillir un véritable torrent de matière fluide, dans lequel les impulsions que les diverses parties recevaient les unes des autres et les effets de leurs attractions mutuelles, rendaient impossible toute assimilation avec le mouvement des corps solides. Le système de Buffon suppose donc implicitement que la matière du Soleil, la matière extérieure du moins, est en état de liquéfaction. Les observations modernes se concilient elles avec une pareille constitution physique ?