Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 2.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces astres sont entourés d’une atmosphère dont le diamètre est double de la longueur de la queue ; que cette atmosphère contient un liquide et même de l’eau en dissolution, et que là où la température diminue, il y a une précipitation d’eau et formation de nuages réfléchissant la lumière comme dans l’atmosphère terrestre. « Or, dit-il, dans la direction de la ligne qui joint le Soleil et la tête de la comète il existera à l’opposite du Soleil une moins grande quantité de rayons que partout ailleurs, puisque les vapeurs dont cette tête se compose ont dû en arrêter un certain nombre. » La queue de la comète ne serait dans ce système que la région dans laquelle, par l’effet d’une diminution de température, les nuages auraient été formés dans l’atmosphère primitive de la comète. Je ferais injure à mes lecteurs si je m’attachais à montrer en détail que l’explication de Bénédict Prevôt ne conduit à une explication possible d’aucun des faits qui nous ont été révélés par l’observation des queues ; qu’on n’en saurait déduire, par exemple, pourquoi les queues sont quelquefois très-courbes, pourquoi leurs bords présentent un maximum d’éclat, pourquoi ces bords sont quelquefois convergents, etc., etc.

On voit qu’aucune de ces théories ne rend compte non seulement des détails, mais encore du gros des phénomènes. Peut-être s’étonnera-t-on du sans façon avec lequel je reconnais l’insuffisance de la science à ce sujet. Qu’on me permette de consigner ici une anecdote. Au temps de la régence du duc d’Orléans, une dame de la cour, qui était allée visiter l’Observatoire, demandait à Mairan : « Dites-moi, je vous prie, ce que sont les bandes