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Passons à l’observation si bien constatée de la comète de 1618.

Figueroes à Ispahan, Blancanus à Parme, des Jésuites à Goa, Kepler à Linz, ont vu deux comètes en même temps, dans la même partie du ciel. Leur mouvement propre les portait l’une et l’autre vers le nord. La seconde apparut tout à coup lorsque déjà la première avait été vue depuis plusieurs semaines.

Ces observations, comme on voit, ne se prêteront pas à l’explication arbitraire donnée par Pingré dans sa Cométographie. Elles n’ont aucune liaison avec de prétendues générations de nuages, ou des défauts de transparence dans l’atmosphère. Comme le dit Kepler, ne suffit-il pas qu’un fait soit pour qu’on doive l’admettre, lors même qu’on ne peut l’expliquer. La question ironique de Sénéque sur le point de savoir comment il se fait que personne n’ait vu aussi deux comètes se réunir en une seule, ne peut tenir lieu d’une bonne raison. Au surplus, à une époque où l’on a essayé de rendre compte du grand nombre de petites planètes comprises entre Mars et Jupiter, par les fragments d’une planète unique qui se serait brisée, l’intérêt des astronomes doit particulièrement se porter sur l’exemple d’une comète, celle de 6 ans 3/4 qui, sous nos yeux, en 1846, s’est partagée en deux moitiés qui ont suivi des routes entièrement différentes.

« Le 19 décembre 1845, rapporte mon ami Alexandre de Humboldt dans le tome IIIe du Cosmos, M. Hind avait déjà remarqué, dans la comète encore intacte, une sorte de protubérance vers le nord ; mais le 21, d’après l’observation de M. Encke, à Berlin, on n’apercevait aucun