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ayant eu lieu par hasard, suivant la marche réglée et l’orbite circulaire des flambeaux célestes, comme de coutume ; quelques-uns voyant les ténèbres de l’éclipse, et regardant la comète en forme d’épée longue qui s’élevait de l’occident, faisait route vers l’orient et s’approchait de la Lune, pensèrent que cette comète en forme d’épée longue désignait ainsi, eu égard à l’obscurcissement de la Lune, que les chrétiens habitants d’Occident viendraient à s’accorder pour marcher contre les Turcs, et qu’ils remporteraient la victoire ; mais les Turcs considérant, eux aussi, ces choses, tombèrent dans une crainte non petite, et firent de grands raisonnements. » Il est évident que Phranza n’a pas dit un seul mot d’une éclipse de Lune produite par une comète.

Voyons si nous trouvons quelque chose de plus précis dans les observateurs modernes sur cette même question de l’opacité des noyaux des comètes.

Lorsque Messier aperçut pour la première fois la petite comète de 1774 (n° 89 de notre catalogue), il y avait assez près du noyau de cet astre, une seule étoile télescopique. Quelques heures après, une seconde étoile se montra, dans le voisinage de la première ; cette seconde étoile ne le cédait pas à l’autre en intensité. Pour expliquer comment Messier ne la vit pas d’abord, une seule hypothèse semble possible, il faut admettre avec cet académicien qu’elle se trouvait alors cachée derrière le corps opaque de la comète ; on pourrait, à la rigueur, supposer que la lumière de l’étoile était effacée par la lumière du noyau[1].

  1. Cette observation serait beaucoup plus démonstrative si l’étoile