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L’observation, en la supposant exacte, prouverait beaucoup plus que Galilée ne dit.

Il est établi expérimentalement que l’œil le moins exercé saisit sans difficulté une augmentation de lumière de  ; lorsque l’une des lumières est animée d’une certaine vitesse par rapport à l’autre, l’œil perçoit même des différences de (liv. v, chap. iv, t. i, p. 192). Sur les points où, dans les environs du Soleil, Vénus ajouterait par sa présence à la lumière atmosphérique plus voisine de la Terre, l’observateur verrait une tache lumineuse de la forme et de la grandeur de la planète. Le raisonnement qu’on a lu dans le passage guillemeté conduirait donc à cette conséquence bien autrement précise que celle dont Galilée se contenta : le noyau des taches solaires, malgré sa noirceur apparente, est 30 fois au moins plus lumineux que Vénus.

Pour que la disparition de Vénus près du Soleil autorisât le raisonnement de Galilée et l’application que j’en ai faite à des données photométriques plus exactes, il serait indispensable que l’observateur de cette disparition se fût soustrait à l’influence éblouissante de la somme de tous les rayonnements latéraux ; qu’il n’eût laissé bien strictement entrer dans son œil, ou tomber sur l’objectif de sa lunette, que la lumière provenant d’une partie très circonscrite d’atmosphère située dans la direction de la planète. Mais, il faut le dire, quand on a pris ces précautions, Vénus ne disparaît pas, même très-près du Soleil.

Je ne dirai rien de la comparaison que Galilée a faite entre l’obscurité d’une petite tache noire se projetant en entier sur le Soleil, et l’obscurité de la portion du champ