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cœsareum imprimé en 1540, que de son temps quelques personnes faisaient usage de diverses combinaisons de verres colorés collés ensemble par les bords. Il est vraiment extraordinaire qu’une méthode si simple ait tant tardé à devenir générale, et particulièrement qu’après l’invention des lunettes un astronome tel que Galilée n’y ait pas eu recours. Les verres colorés auraient probablement préservé cet homme illustre des maux d’yeux dont il souffrit si souvent, et de la cécité complète qui affligea ses dernières années.

La première application des verres colorés aux lunettes est due, je crois, à Scheiner. Dans sa lettre à Velser du 12 novembre 1611, nous lisons qu’aux époques de la journée où le Soleil, à cause de sa grande hauteur, ne pouvait pas être regardé impunément, il couvrait l’objectif avec un verre vert plan. Dans un ouvrage de 1612, De maculis in Sole, etc., Scheiner recommandait des verres couleur d’azur et disait que les marins bataves, quand ils prenaient hauteur (à l’œil nu, sans lunettes), se servaient de verres colorés pour affaiblir le Soleil. Le verre coloré de Scheiner se plaçait devant l’objectif. Il devait donc être assez grand ; il fallait de plus qu’il fût d’une matière très-pure, bien poli et à faces parallèles ; sans ces conditions la régularité des images télescopiques aurait été fortement altérée. Serait-ce là ce qui empêcha Galilée d’adopter la méthode ? Mais alors pourquoi ne plaça-t-il pas, comme on le fait aujourd’hui, le verre coloré en dehors de la lunette, entre l’œil et l’oculaire. Dans cette position le verre obscurcissant peut n’avoir que quelques millimètres de diamètre. Il n’est nullement